Coronavirus et chute des bourses mondiales : investir ou attendre ?

Le virus Covid-19 paralyse l’activité mondiale et freine le dynamisme économique : les bourses du monde entier ont fortement dévissé, de New-York à Pékin en passant par Paris et Francfort. Dans ce contexte, les propos d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie en France, peuvent étonner : « C’est le moment de faire des bonnes affaires en bourse », a-t-elle affirmé le 10 mars dernier dans une interview.

Au-delà de la situation sanitaire et sociale, le coronavirus peut-il provoquer des conditions favorables d’investissement en bourse ? Décryptage.

Petite analyse des krachs boursiers historiques

Les spécialistes comparent les mouvements boursiers actuels à un véritable krach boursier, c’est-à-dire une brusque baisse des actifs à la suite d’un nombre très important de ventes. Dans le contexte du coronavirus, le baril de pétrole a perdu 45% de sa valeur depuis début 2020, quand le Dow Jones a perdu, le seul jeudi 12 mars, près de 10% (soit la chute la plus importante depuis le Krach de 1987 et le black monday). Autant de chiffres et d’indices qui permettent d’affirmer que le Covid-19 a généré un krach boursier mondial.

Les bourses sont au plus bas, et les investisseurs sont moroses. Mais si l’on regarde la santé des places de marché après les principaux krachs boursiers, on se rend compte :

  • Que les marchés ont toujours réagi à court terme, d’où ce terme de « panique » ;
  • Qu’après chaque crise boursière, il y a eu une période de nette hausse ;

La surprise due au krach ne doit pas faire oublier les multiples crises survenues dans un passé récent (crise des sub-primes, crise grecque, chute de la bourse de Tunis…), événements qui ont eu des conséquences néfastes à court terme sur les marchés. Mais sur le long terme, les bourses ont toujours retrouvé un haut niveau de valeur, les crises permettant aux investisseurs opportunistes de réaliser de belles opérations.

L’inquiétude des investisseurs

Cependant, dans ces temps de crise, la méfiance est de mise pour les investisseurs : ces dernières semaines, ceux-ci ont parfois préféré investir dans des valeurs refuges comme l’or, ce qui n’a pas empêché le métal jaune de voir son cours baisser de 6% en quelques jours. La période est complexe et la plupart des placements sont différés.

Les Etats viennent cependant au secours de l’économie : l’Allemagne a promis aux entreprises des aides substantielles, quand la Réserve fédérale Américaine (banque centrale des Etats-Unis) va injecter des milliards de dollars pour aider les entreprises et banques à se financer ; la Banque Centrale Européenne a également prévu plusieurs mesures pour limiter l’impact dû au Covid-19.

La résistance financière s’organise, afin que les soubresauts soient limités et que les bourses puissent rapidement retrouver une bonne santé.

Un premier sursaut des bourses ?

Après la panique suscitée sur les marchés et la dégringolade des titres, les places de marché semblent avoir retrouvé une certaine stabilité depuis la mi-mars. Ainsi le CAC 40, qui avait perdu près de 12% le 28 février dernier, a connu un léger rebond, qui laisse entrevoir un certain optimisme économique. Si tout n’est bien sûr pas fini, l’énorme baisse constatée depuis fin février semble s’être quelque peu enrayée dernièrement. Le mouvement de « panique » semble avoir pris fin.

Notons que les aides étatiques devraient accélérer le rythme de la reprise une fois que la confiance sera revenue sur les marchés. Reste à savoir quand les investisseurs seront prêts à acheter à nouveau des actifs.

3 scénarios financiers possibles

La crise du coronavirus est unique en son genre, et ne trouve aucun élément comparable par le passé. Les marchés boursiers resteront instables tant que le déclin de l’épidémie ne sera pas observé, à moins qu’un vaccin ne soit découvert dans les prochaines semaines. A moyen terme, plusieurs scénarios sont possibles :

  • Le scénario optimiste : le virus est endigué au second et troisième trimestre 2020, avec ou sans vaccin. Les investisseurs pourraient alors retourner rapidement sur les places de marché, et investir dans les produits boursiers de base tels que l’énergie et les valeurs minières ;
  • Le scénario prudent : reprise en « U » pour les courbes boursières, après tout de même une forte récession, car la contamination a connu des épisodes successifs et provoqué des perturbations importantes. Le rebond est plus tardif et moins net, mais les cours sont bien à la hausse.
  • Le scénario catastrophe : le pire scénario serait celui où l’intégralité de l’économie mondiale est gelée, car l’épidémie se propage trop rapidement. La reprise des affaires est différée par crainte de nouvelles contaminations : de nombreuses PME, disparaîtraient à la suite de la multiplication des quarantaines.

Attention, ces scénarios restent bien entendu hypothétiques.

Dans tous les cas, et même si le scénario prudent est le plus probable, nous sommes en présence d’une situation sanitaire et boursière inédite. Pour les investisseurs, la méfiance reste de mise : il faudra attendre d’avoir davantage d’informations concernant le virus, sa propagation et ses conséquences sur l’économie mondiale en 2020, pour réinvestir en toute confiance.